Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette double aventure ?
Maxime d’Angeac : On m’a posé une question passionnante. Je ne voyais pas d’autres solutions que d’essayer d’apporter la meilleure réponse ! Il est vrai que je me suis toujours penché sur les moutons à cinq pattes. Au fil de mes expériences, je me suis spécialisé dans les problématiques intellectuelles, techniques et structurelles extrêmement complexes. Mais dans ce cas précis, nous atteignons le summum ! Pour être exact, tout a commencé avec ma participation aux concours de l’hôtel l’Orient-Express, La Minerva, à Rome. Ce fut pour mon équipe et moi-même notre premier contact avec ce « mythe du luxe ». Mais cela ne s’est pas déroulé exactement comme je l’avais imaginé. À la suite de ma proposition, le groupe Accor a pensé que je serais plus à même d’appréhender le projet du train. Un revirement total. Puis, après deux ans de travail intense, inventer le bateau du futur semblait logique dès lors que je maîtrisais le vocabulaire de la marque. Je me suis plongé dans sa philosophie et dans son contenu et j’ai essayé d’en extraire le meilleur pour l’un comme pour l’autre. Ce sont deux réflexions totalement différentes, mais qui contribuent au rayonnement de la même maison.
Vous vous attaquez à un monument…comment appréhende-t-on un tel sujet ?
M. d’A. : Au début, c’est assez vertigineux ! Pour tout un chacun, cela représente une telle part de rêve, par l’entremise notamment d’Agatha Christie, de Paul Morand ou encore d’un film de James Bond. Pour ma part je l’ai approché comme un roman de Stefan Zweig. La fin d’un monde, le déclin d’une Europe désabusée par la Seconde Guerre mondiale. Toute cette aura littéraire, artistique, musicale, esthétique, développée autour de cette légende, tout était possible ! Il se trouve que c’est une période que j’ai toujours adorée et que je connais bien. Je me suis dans mis dans la position des créateurs de l’époque. J’ai dessiné comme eux. (Oui, je dessine encore aux crayons, à l’encre, à la plume et au lavis !) Adopté leurs perspectives. Je me rend compte aujourd’hui que mes études aux Beaux-Arts et mes classes aux côtés de Hilton McConnico à l’oeuvre pour de grandes maisons telles que Daum ou Hermès, ainsi que mes gammes en tant que décorateur et designer, m’ont mené à ces projets. De longues années de préparation ! Pour être tout à fait franc, les gens n’attendent pas grand chose de vous au départ. On regarde ces voitures récupérées, qui espèrent une illumination, qui invoquent cette fameuse étincelle qui permettra un renouveau. Si vous n’avez pas le projet qui embarque tout le monde, eh bien, rien ne se passe ! C’est une fierté de se dire que toute une équipe se lance dans cette aventure et vous suit. De transformer l’idée, de l’accompagner et de la concrétiser. De rendre possible cette vision industrielle et hôtelière à partir d’un bout de rêve penché sur un papier.