« Un palais sur rails » : voici comment le designer Thierry Gaugain surnomme son concept « G-Train », destiné à un futur propriétaire prêt à débourser 350 millions de dollars. Ce premier projet de train privé de luxe au monde est équipé de quatorze wagons en verre, de terrasses et d’un jardin. Il est entièrement modulable, on peut y installer une petite vingtaine de chambres, un spa, une salle de sport, un restaurant et même un lieu où stocker des engins, du buggy à l’ULM.
Si le designer – connu pour créer les yachts les plus spectaculaires – n’a pas encore trouvé d’acquéreur pour son « G-train », son projet hors norme témoigne d’un changement de paradigme qui place les designers au centre des réflexions. « Aujourd’hui, le train n’est plus vu comme un mode de transport pour aller d’un point A à un point B. L’expérience à bord prime sur le déplacement« , constate Arthur Mettetal, historien du ferroviaire.
Relance des trains de nuit, nouveaux concepts intérieurs signés par des stars du design, train de croisière ultraluxe… Les moyens sont mis pour inciter les voyageurs à délaisser l’avion au profit de ce transport en commun plus respectueux de l’environnement et qui connaît un regain d’intérêt. L’été dernier, la SNCF a battu un record de fréquentation, avec 24 millions de voyageurs. En 2022, les trains de nuit ont connu une augmentation de 149%, selon une enquête Trainline avec YouGov.
Pour Julien d’Hoker, fondateur de l’agence de design Yellow Window spécialisée dans la mobilité, « nous sommes clairement à un tournant. Le train est un maillon de ‘évolution de notre société dans le positif, mais il va falloir donner envie aux gens de remonter dedans. ». Hormis le prix des billets, un des enjeux majeurs est de rendre désirable lalenteur, à rebours de la course à la vitesse des dernières décennies. Le design devient alors un outil central. « Les acteurs du domaine ont changé, on voit arriver des start-up et des nouveaux concepts qui viennent dépoussiérer le secteur du ferroviaire et permettent aux designers de s’exprimer comme ils avaient envie de le faire depuis des années », s’enthousiasme Julien d’Hoker.