L’ART DÉCO, UN CENTENAIRE BIEN MÉRITÉ
Le Musée des arts décoratifs à Paris fait revivre à travers un millier d’oeuvres, l’exposition de 1925 qui consacra ce style d’un luxe inouï.
C’était il y a cent ans ! L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, propulsant l’Art déco sur le devant de la scène, s’ouvrait alors à Paris. Démonstration de forces des plus grands talents d’une époque absolument qui poussa le luxe et le raffinement de la création à son plus haut niveau. Elle est aujourd’hui célébrée, en grande pompe, par le Musée des arts décoratifs (MAD), à travers près de 1000 oeuvres, venant principalement de ses collections mais aussi de prêteurs et d’institutions.
Aucune cependant des États-Unis, dont on connaît pourtant la passion pour cette exception française n’ayant duré que trente ans, dont nombre de collections d’outre-Atlantique ont raffolé. « Une quelconque importation était impossible, tant les coûts de transports et frais de douanes sont devenus exorbitants, et plus encore depuis Trump », justifie la conservatrice et commissaire Anne Monnier Vanryb. Elle a donc puisé dans les trésors suffisamment nombreux du musée et ceux de collectionneurs européens pour ce parcours thématique et chronologique captivant.
Il rassemble mobilier, bijoux, objets d’art, céramiques, dessins, affiches et vêtements haute couture. Le style Art déco dans sa totalité, de l’origine à l’apogée, jusqu’à ses réinterprétations contemporaines, dont l’avant-première exclusive du train l’Orient Express est le clou du spectacle. « Il a fallu quatre ans de travail basé sur l’ADN de cette marque au nom mythique rachetée par le groupe hôtelier Accor pour faire renaître 140 ans plus tard, ce palais roulant d’une sophistication inédite. Lancé en 1883, il reliait, avec son service de majordomes, Paris à Constantinople, moyennant un prix équivalent à six mois de salaire d’un fonctionnaire. Sa mise en service est pour le printemps 2027 », explique Maxime d’Angeac.
L’architecte et directeur artistique a mené sa reconstitution sur mesure, avec une exigence absolue du détail (35 000 perles cousues mains sur panneau de bois, à Angers !), sous la houlette d’une trentaine des meilleurs métiers d’art, en mariant l’ancien et le nouveau, sans jamais copier l’authentique, toujours en le réinventant. Des 17 wagons retrouvés en 2015, dans un tunnel, à la frontière biélorusse : le wagon présidentiel, véritable petite suite avec son salon lit dépliabble, sa douche et ses toilettes séparées. L’ensemble est un magnifique hommage à l’Art déco, présenté magistralement dans la nef. Mais il doit se visiter à la fin de l’exposition, se déroulant aux 2e et 3e étages du musée (rien dans les salles du rez-de-chaussée, gardées pour des événements, dommage !), terminant ainsi la boucle de cet énorme parcours sur un siècle, de 1925 à 2025.