Ceux qui m’aiment prendront le train. Et pas n’importe lequel. L’Orient Express ouvre en majesté l’exposition « 1925 – 2025. Cent ans d’Art déco » au musée des Arts décoratifs (Paris 1er). À l’étage, la partie disons sérieuse de l’exposition, très roborative avec 1 200 oeuvres – mobilier sculptural de la chaise au canapé ou bureau, bijoux précieux, objets d’art, dessins, affiches, pièces de mode – raconte la naissance de l’Art déco à travers une évocation de son exposition internationale et originelle de 1925 à Paris, qui a été, il y a un siècle, un énorme succès populaire digne d’un parc d’attractions.
Mais l’attraction cette fois, depuis l’ouverture de cet anniversaire au MAD mercredi, c’est le rez-de-chaussée dans la nef de cette partie du palais du Louvre, dédié à l’Orient Express, né avant l’Art déco mais qui en constitue le symbole, tant par son art de vivre que son design intérieur. Une cabine restaurée de l’ancien train Étoile du Nord de 1929 et trois maquettes du futur Orient Express, qui reprendra le rail en 2027, cinquante ans après son dernier Paris – Istanbul.
Face au décor du bar, d’un couloir, d’une couchette de suite standard – avec la douche, qui peut être en position complètement ouverte et transparente face au paysage, ou fermée – d’un compartiment, le public ne cesse de sourire, intrigué ou émerveillé. « C’est le nouveau train ? C’est moins cher que d’aller y faire un tour avec un billet. C’est sublime », se réjouit une retraité face à son mari. Une dame apprécie l’ensemble vaisselier, et « la destination ne gâche rien ». « Ce n’est pas la SNCF, hein… » pouffe une jeune fille venue avec sa mère.
Présentés comme des petits salons, tous les espaces séduisent. La salle à manger dans des tons bleu nuit, le bar dans des tons vert foncé avec des petits fauteuils moelleux disposés autour des tables. Sur le mur, on retrouve des motifs de feuilles dorées sur un fond vert mais aussi des miroirs qui, comme dans la salle à manger, agrandissent la salle. Des affiches d’époque de la compagnie invitent à visiter l’URSS.
Il faut parfois se coller aux fenêtres du wagon comme si l’on regardait de l’extérieur. Une suite de lampes de table Art déco de René Prou (1887-1947) à celles qui vont meubler le nouveau train, fait son effet : quatre de 1925, quatre de 2025. Le petit film qui explique la renaissance de la compagnie de luxe créée en 1883 est pris d’assaut, tout le monde semble conquis par ce retour du rêve, ou du fantasme.
Maxime d’Angeac, l’architecte décorateur chargé de redonner vie à ces wagons joue le rôle d’ensemblier, fier de faire appel à différents métiers d’art : « L’Art déco est un style international qui n’a jamais disparu et un alphabet fait de motifs, de géométrie, avec lequel chacun écrit sa partition. Notre interprétation contemporaine s’inscrit dans les pas des créateurs de l’Orient Express ».