ORIENT EXPRESS : C’EST EN FRANCE QUE LE MYTHIQUE TRAIN DE LUXE SE TRANSFORME EN VOILIER ÉCO-RESPONSABLE
Dans les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire, le mythe de l’Orient-Express a opéré sa mue et se dévoile comme le plus grand et le plus raffiné voilier au monde.
Orient-Express ? Le train, bien sûr, s’exclameront celles et ceux qui ont lu le roman d’Agatha Christie, vu le film de Kenneth Branagh en 2017, et fait le succès inédit de l’exposition consacré au plus luxueux de tous les wagons lits organisée en 2014 au pied de l’Institut du monde arabe, à Paris. Il faut dire que, dans le domaine des transports, ce nom est une pépite depuis 1883, parlant aussi bien aux marketers du monde du luxe qu’à une clientèle avide d’expériences inédites et toujours plus extraordinaires. Pour eux, le rendez-vous est pris l’année prochaine : c’est officiellement en 2026 que l’Orient-Express quittera les rails pour voguer… sur l’eau. Et c’est à Saint-Nazaire qu’il fallait être pour découvrir l’envergure du projet : ce 16 juin, le Corinthian, le premier vaisseau de la future flotte Orient Express Sailing Yachts, a connu sa première mise à l’eau. Dans l’industrie de la construction maritime, c’est un moment évidemment stratégique, celui où le bateau quitte la cale sèche pour rejoindre le quai d’armement.
D’ores et déjà présenté comme « le plus gros voilier du monde », le Corinthian aura été assemblé pendant plus que quatre mois par les équipes des Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire (rappelons au passage qu’ici ont vu le jour quelques navires de légende, comme le Normandie et le France). Composé de quatorze blocs structurels et de trois balestrons, le Corinthian a donc touché l’eau pour la première fois. D’une longueur de 220 mètres, le Corinthian est le premier navire de croisière équipé du système de navigation SolidSail, soit trois voiles rigides de 1 500m2 chacune, hissées sur trois gréements à balestrons inclinables et rotatifs, pour une navigation au plus près du vent. Le tout est complété par une propulsion hybride fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL). L’objectif est, selon Orient-Express, « de se rapprocher d’une navigation à zéro émission ». Mais si la silhouette, remarquablement équilibrée, de ce bateau de luxe très français est aujourd’hui révélée, on en sait aussi davantage sur ses intérieurs.
Oubliez les cabines, pourtant pleine de charme, de l’Orient-Express crachant ses nuages de fumée entre paris et Istanbul. À bord du Corinthian, on ne parle pas de chambre, mais uniquement de suites : il y en aura 54, allant de 45m2 à 230m2. Le parti pris de la société Orient-Express (dans le giron du groupe hôtelier Accor) est de ne pas jouer systématiquement dans la parfaite reconstitution historique, façon décor de cinéma, mais de traiter de façon contemporaine les standards de luxe du fameux train décoré, entre autres, par Prou et René Lalique. C’est à l’architecte Maxime d’Angeac qu’a été confiée cette mission d’équilibriste, entamée il y a plusieurs années, aussi bien pour le projet ferroviaire que pour cette spectaculaire déclinaison maritime.